L’écriture étant originellement silencieuse, y associer du son ou une mélodie pose question.
La première que nous devons nous poser est « sonifier quoi ? ».
Autrement dit, quelles sont les variables de l’écriture sur lesquelles nous souhaitons informer l’auditeur ?
En fait, cela dépend de l’information qui doit être à la fois, 1) la plus discriminante pour évaluer la qualité de l’écriture, et 2) la plus adaptée au support sonore.
Par exemple, nous savons que le son n’est pas aussi adapté que la vision pour donner des informations spatiales.
Par contre, les propriétés dynamiques et rythmiques du son le rendent particulièrement adaptée pour donner des informations sur la dynamique du geste d’écriture …
Après avoir repéré les variables de l’écriture à sonifier, la deuxième question est de savoir quel son y associer ou «sonifier comment ?».
Justement parce que l’écriture est habituellement silencieuse, il n’y aucun lien à priori entre le son et l’écriture.
Cette absence de lien ouvre un éventail de possibilité sans fin.
L’idée ambitieuse du projet est que le son doit non seulement être le support d’une information liée à une caractéristique de l’écriture mais la nature du son peut elle-même moduler l’information supportée.
En travaillant sur l’évocation, c’est-à-dire l’allusion (voire même l’illusion) que peut apporter un son, nous envisageons d’augmenter l’information sonore par la métaphore.
L’idée sous-jacente est d’associer à un geste d’écriture fluide un son mélodieux, qui coule ou métallique, et d’associer à un geste d’écriture saccadé un son discordant, qui frotte ou rocheux par exemple.
Si nous réussissons ce pari, alors nous devrions être capables d’évaluer la qualité d’une écriture uniquement à partir de son écoute.
Voici quelques exemples d’écriture sonifiée du mot ‘lapin’ écrit par Anthony, Lucie et Coralie. En fermant les yeux, à vous de deviner qui est l’adulte, qui est l’enfant qui écrit bien et qui est l’enfant dysgraphique !